Sur le Thiou, en pleine vieille ville, il y a désormais de nombreux ponts et ils sont tous construits en dur. Ça n’a pas toujours été le cas et lorsque la plupart des ponts étaient en bois au 13ème siècle, les lourds convois étaient bien contents d’emprunter le seul pont de pierre, le pont Morens.
Le pont Morens est un pont qui se situe en plein cœur des vieux quartiers d’Annecy. Il permet de franchir le principal exutoire du lac d’Annecy et se situe immédiatement en aval des vieilles prisons. Il relie le quai de l’évêché à la rue Sainte-Claire via la rue qui porte son nom, la rue du Pont Morens.
Sa fonction était d’assurer le passage aux voyageurs et aux marchands faisant la route de l’Italie jusqu’à Genève (route du Nord). De chaque côté du pont, des passages renforcés sous des arches basses permettent de traverser les maisons de plusieurs étages qui barrent le Thiou.
Large (7 mètres ce qui est beaucoup pour sa destination et son époque de construction) et pavé, ce pont de pierre de 19 mètres de long était le plus solide de tous les ponts d’Annecy. Il est construit en 1293 à l’emplacement d’un probable pont en bois ou pont-levis déjà présent au même endroit. Dans sa nouvelle version, il avait vocation à durer. En effet, à l’époque, le Thiou est encore sauvage et les jours de forte crue, les ponts en bois étaient régulièrement détériorés ou détruits.
Pour se protéger des éléments, le pont, construit de biais, est en fait la jonction de 2 ponts qui sont accolés : on le voit bien lorsqu’on est situé en aval du pont et qu’on regarde du côté du château : les piliers sont décalés sous l’arc de droite. Le tablier est composé de 3 voutes en arc. De chaque côté du pont, des pierres servaient à éviter que les roues ne basculent dans l’eau.
Son nom vient de « murenches » qui signifie système défensif constitué de maisons mitoyennes ou bien du latin « morans » pour indiquer sa solidité. Son nom définitif lui vient plus tard après avoir été nommé « pont de la poissonnerie » ou encore « pont Saint-George ».
Assez vite, des constructions apparaissent sur le pont jusqu’à complètement l’engloutir. C’est ainsi que 3 maisons de 3 étages sont érigées ainsi qu’un petit oratoire dédié à Saint-Georges. L’ensemble est solidement planté dans le lit du Thiou avec des piliers en pierre mais mal exécuté et il avait même une maison qui penchait franchement à l’œil nu. Peu homogènes, bâties avec des matériaux de piètre qualité et gênant la circulation, les bicoques prennent rapidement le sobriquet imagé de « château branlant ».
Ce n’est qu’à partir des années 1850 que le pont prend sa forme actuelle et se trouve enfin débarrassé des maisons de fortune qui le chapeautaient à l’occasion des grands travaux de modernisation de la cité. Les habitants des maisons alentours, privés de lumière et de facilité de passage, exigeaient, de longue date, la destruction des maisons de fortune sur le pont. C’est d’abord l’oratoire qui est démoli en 1854 puis, en 1885, la mairie achète le tout suite à 2 expertises menées en 1881 et 1884. En 1886, le château branlant n’est plus.
Le pont Morens a été peint par le Paul Cabaud qui a aussi peint les canaux depuis le pont. Aujourd’hui, les jours de marché et de brocante, le pont accueille les étals des commerçants. Gratuit et ouvert à tous à n’importe quel moment de la journée, c’est un des ponts que vous emprunterez surement en vous baladant dans Annecy.